Le Baroque

Pozzo - Plafond de l'Eglise San Ignazio - détail
Vermeer - La liseuse - détail
Rembrandt - Le festin de Balthazar - détail
Heem - Nature morte
Rubens - Tête de Méduse - détail
Cortone - L'enlèvement des Sabines - détail

Identité artistique d’une époque, le courant baroque réunit des styles différents, souvent propres aux artistes et à leur origine. La remise en question du langage maniériste trouve sa réponse à travers un message essentiellement religieux au sein de l’Europe catholique ou, au contraire, dans un style qui réussit à s’adapter à l’iconoclasme protestant.

GENERALITES
Le terme baroque qui signifie bizarre ou grossier est un mot péjoratif qui sera utilisé par les artistes du XIXe siècle pour désigner l’art qui évolua entre 1600 et 1720 environ. Si le langage pictural propose une nouvelle syntaxe visuelle ce n’est pas une rupture radicale par rapport au siècle passé mais plutôt une évolution des codes de représentations à travers une mise en page innovante et un vocabulaire original.
Les libertés prises au XVIe siècle dans la déformation des corps et l’aspect superficiel dans le rendu des sujets provoquent une réaction des artistes à contresens du maniérisme. Néanmoins, le ton annoncé par Corrège et Barocci à travers une peinture qui se veut plus convaincante que purement esthétique est repris jusqu’à devenir la base de l’expression nouvelle.
A cela vient s’ajouter le naturalisme du Caravage qui connut dès le début du XVIIe siècle un très vif succès pour son éclairage, ses cadrages insolites et son réalisme mordant.
A contrario, les Carrache reviennent à une peinture au contenu idéalisé inspirée par les maîtres de la renaissance classique.

La fusion de ces tendances devient, selon la sensibilité des artistes et leur attachement plus ou moins marqué à l’un de ces styles particuliers, le mouvement baroque. La diagonale remplace la construction en triangles imbriqués et l'équilibre sage de l'horizontale et de la verticale de la renaissance. L'éclairage se veut changeant. Des percées lumineuses sur fond de ciel sombre font leur apparition dans le paysage pour provoquer des zones contrastées entre ombre et lumière. Les personnages sont dorénavant en mouvement, pris dans le vif d'une action. Du coup la narration se fait au présent et ne contient plus l'exhaustivité d'un message compris dans le regroupement de symboles comme par le passé. Les états de l'âme s'affichent sur les personnages, le divin reste mystérieux et invite à la réflexion. Cela correspond bien aux mentalités du siècle où, avec la disparition de l'humanisme, l'homme se pose à nouveau les questions quant à son existence et sa relation à Dieu. La mort, la souffrance, l'humilité de la vie quotidienne sont les sujets de prédilection du baroque.
Partout en Europe l’art utilise le nouveau langage en s’adaptant au contexte social et religieux : l’Italie et l’Espagne servent la contre-reforme, l’Europe du nord s’applique à plaire à une société bourgeoise qui pose les bases du capitalisme moderne et la France trouve l’image qui correspond à l’étatisme absolu de ses rois dans la diffusion du classicisme.


LE BAROQUE EN ITALIE
La vocation religieuse de l’art baroque en Italie s’appuie sur des événements qui eurent lieu au siècle précédent avec pour objectif de servir la contre-réforme dans sa lutte contre le protestantisme : le Concile de Trente (1542 - 1563) qui définit pour les arts plastiques la charge d’exprimer la foi catholique et la création de l’ordre Jésuite dont la mission est de reconvertir à la fois romaine les adeptes de la religion réformée. A contre pied de la pensée luthérienne qui prône la sévérité et la sobriété, la peinture italienne doit dès lors convaincre le fidèle de la grandeur de Dieu par des effets impressionnants, éblouissants, bouleversants... Les expressions et attitudes des personnages montrent les sentiments intérieurs, les passions de l’âme, l’extase religieuse exacerbée. Cette peinture théâtrale est servie notamment par le Guerchin, Pierre de Cortone ou encore Andrea Pozzo. Triomphante, l’image jaillit de son cadre et vient se fondre à la sculpture et à l’architecture sur les plafonds des édifices religieux. La technique du trompe-l’oeil se développe et atteint une précision saisissante.

Rome est devenue la capitale européenne de l’art où se côtoient des artistes de tous les horizons.
L’apparition des premières académies de peinture va contribuer à la création et la diffusion des styles et des techniques. A Rome, vont apparaître les tendances qui vont influencer l’art de tout le monde occidental.
En premier lieu c’est le passage du Caravage qui va permettre au langage pictural de se tourner vers une grammaire inédite : réalisme dans le traité comme dans l’action représentée, utilisation d’une lumière en diagonale capable d’envelopper le sujet en créant le volume à partir de l’ombre et surtout sa contribution à donner à la scène de genre ses lettres de noblesse. Paradoxalement, à cela vient s’ajouter le travail d’Annibal Carrache et de Guido Reni qui s’oppose farouchement aux nouveautés caravagesques. Leur style revient à un certain intellectualisme avec le retour au modèle antique et à la maîtrise technique de Raphaël et de Michel-Ange. De cet aspect stylistique naît le classicisme qui sera surtout exploité par les peintres français tels que Nicolas Poussin ou Claude Lorrain.

LE BAROQUE EN ESPAGNE
Après l’abdication de Charles Quint en 1556 l’Empire espagnol perd ses territoires d’Europe centrale. L’Espagne connaît alors une période de déclin qui s’accentuera au XVIIe siècle avec la révolte des Pays-Bas. Si le royaume continue de briller sur ses territoires italiens de Milan et Naples ainsi qu’à travers ses colonies d’Amérique, la puissance espagnole se désagrège peu à peu.

Paradoxalement, pour l’art, c’est un véritable âge d’or aussi bien en peinture qu’en architecture. Comme en Italie, la religion lui impose le ton de la contre-réforme. Les tableaux sont de plus en plus appréciés par la noblesse et la bourgeoisie qui, plus encore qu'à la renaissance, réunissent de véritables collections. En résulte l'essor des marchands d'art qui participent activement à l'économie européenne. Le baroque permet aux peintres d’exprimer l’extraordinaire sentiment religieux qui débuta avec la voix d’Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre Jésuite. La spiritualité du Greco évolue vers un langage pictural porté par Diego Vélasquez, Jusepe de Ribera ou encore Francisco de Zurbaran. L’angoisse du déclin de l’empire le plus puissant de la seconde renaissance se fait sentir dans une peinture mystique et passionnée. Si l’influence du Caravage et de Titien est extrêmement présente dans la peinture, les espagnols ont su trouver un style personnel qui donnera une véritable identité nationale à l’art du XVIIe siècle.


LE BAROQUE EN EUROPE DU NORD
Les Pays-Bas, découpés en 7 provinces, ont déclaré leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne en 1579. Cela provoque le début d’une guerre qui durera jusqu’en 1648. Le pouvoir se met en place sous forme de républiques et pose les bases de ce qui deviendra le capitalisme moderne. La société, dénuée de noblesse, est dirigée par la bourgeoisie et par diverses corporations de marchands et de négociateurs. Leur rôle devient particulièrement important pour l’art puisqu’ils vont permettre sa diffusion à grande échelle. De plus, le goût grandissant des bourgeois pour la peinture va permettre aux artistes de ne plus peindre en fonction d’une commande précise mais de préparer leurs tableaux "à l’avance" et de les confier à des marchands d’art de plus en plus nombreux.

Seule la province du sud (la Belgique actuelle) dont la population est à majorité catholique, contrairement aux autres provinces des Pays-Bas, reste sous le contrôle de l’Empire espagnol. L’art ne rencontre donc pas la résistance de l’iconoclasme protestant et la peinture est largement influencée par l’Italie, tout en conservant son identité propre, développée par l’école flamande depuis deux siècles. La peinture de genre devient vite le style dominant même s'il s'agit de représenter des scènes à caractère religieux ou mythologique dans lesquelles s'insèrent harmonieusement natures mortes et objets du quotidien. Anvers, centre économique de la région, devient la capitale artistique où se côtoient les grands maîtres du baroque flamand ainsi que de nombreux artistes étrangers attirés par la renommée internationale de la ville.

La peinture y est dominée par la personnalité de Pierre Paul Rubens. Des maîtres italiens, auprès desquels il reçoit sa formation, il utilise la lumière, le mouvement et les couleurs vives qu’il intègre avec génie au réalisme flamand. Il devient le peintre le plus demandé auprès des cours européennes et son succès lui permet de développer un atelier où travaillent près d'une centaine de collaborateurs dont, parmi les plus prestigieux, Jan Bruegel, Jacob Jordaens et Anton van Dyck qui deviendra l'un des plus grands portraitistes de son temps.
A la mort de Rubens en 1640, la virtuosité de la peinture flamande commence lentement à décliner et cède la place à la peinture hollandaise.

Hormis la ville d'Utrecht qui reste majoritairement catholique et où naît la première école hollandaise de peinture, la Hollande est entièrement convertie au calvinisme. L'iconoclasme de la religion réformée oblige les peintres à s'exprimer à travers des sujets différents de leurs homonymes européens. Dénués d'influence italienne et d'intérêt pour l'antiquité, les peintres hollandais répondent au goût du public par la scène de genre, le portrait, la nature morte qui atteint un degré de réalisme exceptionnel et le paysage. Certains deviennent même de véritables spécialistes d'un genre particulier auquel ils resteront fidèles toute leur carrière.
C'est avec la seconde génération de peintres qu'apparaissent les grands maîtres néerlandais : Frans Hals pour le genre du portait, Jan Steen et Jan Vermeer pour la représentation de la vie quotidienne, Willem kalf pour la nature morte et Jacob von Ruisdael pour la peinture de paysage. Mais c'est surtout avec la figure de Rembrandt van Rijn que se dessine le génie hollandais. Son talent s'étend à tous les genres. La parfaite maîtrise de l'éclairage, du dessin, de la couleur, de l'anatomie et de l'expression dont il affuble ses personnages font de Rembrandt un des acteurs les plus illustres de l'histoire de l'art, à la hauteur de Léonard de Vinci, Raphaël, Titien ou encore Caravage.

Les peintres

les plus célèbres du courant

ITALIE
Annibal Carrache
Guido Reni
Caravage
Guerchin
Mattia Preti
Bernardo Strozzi
Pierre de Cortone
Domenico Fetti
Luca Giordano
Andrea Pozzo
Orazio Gentileschi

ESPAGNE
Diego Vélasquez
Jusepe de Ribera
Francisco de Zurbaran
Bartolomé Esteban Murillo

FLANDRE
Jan Bruegel "de velours"
Pierre Paul Rubens
Anton van Dyck
Jacob Jordaens

HOLLANDE
Gerrit van Honthorst
Frans Hals
Rembrandt
Jan Steen
Jan Vermeer
Willem Kalf
Jacob van Ruisdael

Les tableaux

les plus célèbres du courant

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Le contexte politique

Italie
Le duché de Milan et la partie sud de l'Italie sont sous domination espagnole.
Les états pontificaux et les états du nord restent indépendants mais sont soumis politiquement à l'Espagne.

Espagne
Perte des Pays-Bas espagnols, des territoires du sud de la France et du Portugal.

Philippe III 1598 - 1621
Philippe IV 1621 - 1665
Charles II 1665 - 1700

Europe du nord
La guerre de 80 ans (1581 - 1648) donne aux septs provinces des Pays-Bas à majorité protestantes leur indépendance face à l'Espagne.
Seul les Pays-Bas du sud (Belgique actuelle) à dominance catholique restent liés à la politique espagnole jusqu'au début du XVIIIeme siècle.

Allemagne
Les états allemands, avec le soutien du roi de Suède et de la France, se soulèvent contre la puissance des Habsbourg.
Plus de la moitiée du XVIIeme siècle est marqué par la guerre contre l'empereur catholique qui perd peu à peu ses territoires au profits des princes protestants.

France
Henri IV 1589 - 1610
Louis XIII 1610 - 1643
Louis XIV 1643 - 1715

Musique

Monteverdi
Biber
Lully
Charpentier
Couperin
Corelli
Purcell
Haendel
Telemann
Bach
Pergolèse
Vivaldi

Littérature

Descartes
Pascal
Locke
Spinoza
Molière
Corneille
Racine
La Fontaine
Perrault
Cervantes

Galerie : Le Baroque

Quitter la galerie

Bernardo Strozzi
Adoration des bergers
1618

Bernardo Strozzi
Vierge à l'enfant
1620

Le Guerchin
Herminie et Tancrède
1619

Bernardo Strozzi
Saint Augustin lavant les pieds du Christ
1629

Le Guerchin
Saint Guillaume d'Aquitaine
1620

Domenico Fetti
David
1620

Orazio Gentileschi
Annonciation
1623

Pierre de Cortone
Vierge à l'enfant
1628

Pierre de Cortone
L'enlèvement des sabines
1629

Pierre de Cortone
Plafond du palais Barberini à Rome
1639

Mattia Preti
Sophonisbe recevant le poison
1670

Luca Giordano
Persée luttant contre Phinée
1680

Diego Vélasquez
La réddition de Breda
1635

Diego Vélasquez
Portrait de Philippe IV
1644

Diego Vélasquez
Vénus au miroir
1650

Diego Vélasquez
Portrait du pape Innocent X
1650

Diego Vélasquez
Les Ménines
1656

Diego Vélasquez
Le marchand d'eau
1619

Francisco de Zurbaran
Apparition de saint Pierre à saint Pierre Nolasque
1629

Francisco de Zurbaran
Sainte Casilde
1640

Bartolomé Esteban Murillo
La piscine probatique
1673

Juan Valdés Leal
Allégories du temps et de la mort
1672

Pierre Paul Rubens
Portrait équestre de Gian Carlo Doria
1606

Pierre Paul Rubens
La chasse au lion
1616

Pierre Paul Rubens
Tête de Méduse
1618

Pierre Paul Rubens
Portrait de Maria Serra Pallavicino
1606

Pierre Paul Rubens
Le chapeau de paille
1606

Jan Bruegel de velours
Petit bouquet de fleurs
1607

Anton van Dyck
Portrait de Charles Ier d'Angleterre
1615

Frans Hals
Le cavalier souriant
1624

Frans Hals
La bohémienne
1630

Rembrandt
Le festin de Balthazar
1635

Rembrandt
Samson aveuglé par les Philistins
1636

Rembrandt
Le sacrifice d'Isaac
1636

Rembrandt
Portrait de Jan Six
1654

Rembrandt
La leçon d'anatomie du docteur Tulp
1632

Rembrandt
Autoportrait
1658

Jan Vermeer
La liseuse
1657

Jan Vermeer
La laitière
1658

Jan Vermeer
La jeune fille à la perle
1665

Jan Vermeer
La dentellière
1670

Willem Kalf
Nature morte au nautile
1662

Willem Kalf
Nature morte
1653

Jan Davidsz de Heem
Nature morte au homard
1649

Jan Steen
La fête de saint Nicolas
vers 1660

Jacob van Ruisdael
Cascade et château
vers 1665

Jacob van Ruisdael
Paysage en hiver
1670