Le romantisme
D’abord courant littéraire et musical, le romantisme apparaît en peinture comme mode d’expression de sentiments intérieurs, ceux-là même que le rococo s’appliquait tant à dissimuler, mais désormais assumés au point d’en devenir l’objectif principal de l’artiste, au point de surpasser si besoin l’aspect esthétique de l’oeuvre.
L’art romantique est le langage artistique d’une société qui se cherche dans une pensée nouvelle après avoir tué l’ancienne, se reconstruit entre empires, monarchies et républiques, s’affole dans une révolution industrielle sans en maîtriser le développement. La passion du baroque et la frivolité du rococo ont laissé la place au doute et les artistes l’expriment chacun à leur manière, sans style commun, ou plutôt avec chacun son style. Certains privilégient le dessin, d’autres la matière et la touche, d’autres encore la couleur.
A contre-courant de l’académisme, le romantisme utilise un vocabulaire jusqu’alors inexploré : le rêve, la folie, le doute, la peur, l’angoisse de n’être rien face à une nature déchaînée, paradoxe d’une époque qui invente la machine pour mieux la dominer. Le peintre romantique ne cherche plus à répondre à une commande. Il peint. Son imagination et son besoin d’expression dirigent son travail, quitte à déplaire et à être rejeté par les officiels. Le mythe du peintre maudit naît à cette époque : le génie est incompris car en avance sur son monde, misérable mais libre.
LE PRE-ROMANTISME
Alors que le style néoclassique atteint son apogée à la fin du XVIIIe siècle, un artiste espagnol, Francisco Goya, décide de peindre de manière non académique afin d’exprimer sa vision personnelle du monde. Il annonce ainsi le courant romantique à venir.
Après avoir servi la cour d’Espagne comme peintre officiel, Goya atteint une maturité artistique dans l’expression des sentiments par la déformation des corps, une forte présence de la matière et une touche dont la force et la vigueur s’affranchissent de tout réalisme académique. Il représente la folie meurtrière, l’horreur de la guerre et la désillusion de la nature humaine. Et c’est justement grâce à son style non académique qu’il arrive à faire ressentir au spectateur toute la puissance de son message. L’angoisse et la peur, sujets nouveaux, n’auraient pu être représentées si brillamment avec les traits du réalisme ou de l’esthétique idéalisée façon Poussin ou Raphaël. Goya s’est appliqué à représenter des sujets que l’on ne peut pas voir mais qui sont pourtant bien réels tout en inventant un style qui rendait cela possible.
L'ART ROMANTIQUE
A la suite de Goya, des artistes de toute l’Europe se tournent vers le style romantique, qui en réaction aux canons académiques néoclassiques, s’approprie des sujets nouveaux comme le fantastique, issu de la littérature populaire, dans une ambiance et une esthétique mêlant mélancolie, pathétisme et sentiment de nostalgie envers l’idée que l’on faisait alors de l’époque médiévale.
La première génération de peintres est marquée en Allemagne par Caspar David Friedrich et sa peinture aux paysages emplis d’intériorité et d’étrangeté d’où s’échappe un fort sentiment de solitude, du doute du croyant dans un monde qui semble abandonné de Dieu.
En Angleterre William Blake et Heinrich Füssli peignent des visions de leur univers intérieur en créant un monde visuel fantastique tant au niveau de la forme que du contenu.
La deuxième génération s’intéresse plus à la politique et la place de l’Homme dans ce XIXe siècle où l’industrie et la modernité s’opposent à une nature que l’on ne pouvait jusqu’alors dominer. C’est l’époque des grands paradoxes sociaux ; la spéculation des uns côtoie l’extrême pauvreté des autres, la volonté de progrès s’accompagne du doute, la piété religieuse sévère s’installe chez des bourgeois qui peuvent lire Nietzsche affirmant que Dieu est mort... Dès lors le style romantique s’affirme et s’affiche librement au Salon aux côtés, mais en opposition, aux tableaux fidèles au style officiel.
C’est d’Angleterre que renaîtra la peinture de paysage avec John Constable, qui fera de ce genre un égal de la peinture d’histoire considérée jusqu’alors comme supérieur. Il développe un style à la lecture simple et à la touche libre qui refuse le détail en profondeur mais qui excelle dans le rendu de l’ombre et de la lumière par le scintillement et les effets du soleil dans la végétation. Il recherche la vérité par la création d’une ambiance où la touche et la couleur prennent le pas sur le dessin. Ce sentiment palpable présent dans le rendu influencera les romantiques français et sera à partir de la moitié du siècle le propos pictural développé par l’Ecole de Barbizon.
Son contemporain William Turner ose plus encore déstructurer ses compositions. Il abandonne totalement la perspective linéaire pour laisser à la matière et aux couleurs le soin de suggérer les formes, de manière souvent impulsive et tourbillonnante. Ses tableaux montrent la nature, violente, souvent déchaînée, contre laquelle l’homme ne peut rien. Ces images à l’empâtement fougueux, rendues possible grâce à l’utilisation du couteau, ont été d’abord rejetées par les critiques conservateurs.
En France Théodore Géricault emploie un style réaliste qui recherche la beauté par l’inspiration des maîtres anciens et la composition monumentale. Son Radeau de la Méduse dont le but est de dénoncer un des plus grands scandales de son temps annonce une des fonctions nouvelles de la peinture du XIXe siècle.
L’engagement politique républicain et l’influence de l’art classique tout en rejetant les principes académiques se retrouvent également chez celui qui deviendra le chef de file du romantisme français, Eugène Delacroix qui apparaît comme l’antithèse du courant néoclassique incarné en la personne de Jean Dominique Ingres, plus proche des Bourbons et de la restauration. De ses voyages en Afrique du nord il apporte à ses tableaux une lumière particulière et, de l’influence de Constable, une touche libérée qui annonce déjà les futurs impressionnistes.
Avec le style romantique, la peinture de la première moitié du XIXe siècle a su rebondir face à un académisme rigide et intransigeant en permettant à l’art de pouvoir penser différemment. Il annonce l’ère moderne et de nouvelles possibilités tant au niveau technique que dans sa réflexion et ses sujets à raconter. C’est d’ailleurs de ce mouvement que découleront naturellement les courants de la seconde moitié du siècle et notamment le plus important de tous : l’impressionnisme.
L’académisme connaîtra encore quelques sursauts qui ne seront en fait que la manifestation de son déclin et finalement s’éteindra de lui-même devant l’arrivée de la photographie et du grand séisme artistique qui accompagnera le grand XXe Siècle. Il ne faut pas oublier le rôle important joué par la critique d’art qui, par son essor au XIXe siècle, a contribué à faire du romantisme le courant majeur qu’il fut aux yeux de ses contemporains et des générations suivantes.
Les peintres
les plus célèbres du courant
FRANCE
Théodore Géricault
Antoine-Jean Gros
Eugène Delacroix
Horace vernet
Jean-Baptiste Corot
ALLEMAGNE
Caspar David Friedrich
ANGLETERRE
Johann Heinrich Füssli
William Blake
John Constable
William Turner
ESPAGNE
Francisco Goya
Le contexte politique
France
1er Empire
Napoléon Bonaparte 1805 - 1815
Restauration
Louis XVIII 1814 - 1824
Charles X 1824 - 1830
Monarchie de Juillet
Louis-Philippe 1830 - 1848
Deuxième République
Louis Napoléon Bonaparte
Président de 1848 - 1852
Musique
Beethoven, Schubert, Berlioz, Mendelssohn, Schumann, Liszt, Brahms, Bizet, Tchaïkovski, Dvorak, Malher, Debussy, Verdi, Puccini, Wagner…
Littérature
Balzac, Sand, Baudelaire, Byron, Chateaubriand, Dickens, Dostoïevski, Dumas, Flaubert, Hugo…
Antoine Jean Gros
Bonaparte au Pont d'Arcole
1796
Goya
Les vielles
1810
Goya
Saturne dévorant ses enfants
1823
William Blake
Urizen, la création du monde
1794
William Blake
L'enfer de Dante
1827
Heinrich Füssli
Lady MacBeth Somnambule
1784
Heinrich Füssli
Les Erinyes chassant Alcème du corps de sa mère
1821
Théodore Géricault
Cuirassier blessé
1814
John Constable
Le Cheval Blanc
1819
John Constable
La charette de foin
1819
Caspar Friedrich
Le promeneur
1818